The “Proyecto ESPER” is a research program established between the Royal Belgian Institute of Natural Sciences and the Universidad Peruana Cayetano Heredia with the support of the Directorate General for Development Cooperation (DGDC) - Belgian Development Cooperation

mercredi 10 octobre 2007

Mercredi 3 octobre 2007
Levés à 6h et départ de l’hôtel de Chiclayo vers 7h. Nous fonçons jusqu’à San José d’où nous devons partir et où les marins de IMARPE nous attendent pour nous emmener pour une semaine de travail aux « Islas Lobos de Afuera », à une trentaine de Miles au large de la côte. Une région particulièrement intéressante, à la limite entre les eaux froides du courant de Humboldt qui remonte le long de la côte péruvienne et les eaux tropicales du nord du pays. Petit déjeuner rapide dans un café de marins assez cra-cra. Je me contente de petits pains frais. Pas de café, c’est toujours du lyophilisé… Nos gaillards arrivent et nous déposons nos provisions pour la semaine et nos bagages perso sur la plage, puis allons chercher le matos de plongée entreposé la veille chez un des marins. Comme nous avions débarqués les bidons d‘essence à San José la veille sans les avoir remplis, je retourne à Chiclayo avec Yuri. Nous devons faire plusieurs pompes pour trouver de l’essence 95 octanes. Plus cher et pas souvent utilisé ici. Mais le compresseur et le générateur sont des bêtes de luxe qui ne consomment que du bon. Nous perdons près d‘une heure avec ce petit aller-retour.



Après avoir poussé le pick-up dans le garage de IMARPE, j’arrive à la plage. Toute la famille des marins est là, mères, femmes, frères, enfants. Les hommes, Eduardo y compris et les enfants poussent déjà le bateau à l’eau, cm par cm avec l’aide des vagues. Le gros du chargement sera embarqué dès que notre taxi sera à flots. Costauds les gars, ils nous embarquent le compresseur dans sa caisse comme un sac de papier, sans parler des bouteilles de plongée qui volent littéralement à bord. Nous voilà tous embarqués, pantalons et fesses mouillés. Nous traversons la zone de surf avec grands éclaboussements et huit heures de voyage commencent au rythme des vagues, poussés par le moteur 40 CV. Nous n’avançons évidemment pas vite ! Le temps est toujours couvert, brouillardeux et froid. Malgré les couches de vêtements enfilées en cours de route, nous arrivons complètement gelés, dans le noir à 19h. Le seul abri trouvé pendant le voyage était la proue, couverte par un petit pont d‘environ 2 m de long.





Nous accostons au ponton de la base de la Marine de Guerre du Pérou. Après avoir montré les autorisations, et répondu aux questions des autorités (deux gars, sans uniforme, assis derrière leur table de salle à manger et nous alignés sur des chaises le long du mur en face d’eux). Ambiance un peu « interrogatoire », mais nous sommes vite admis à loger dans leurs installations et l’accueil s’avèrera très chaleureux au cours de la semaine. Karen l’étudiante dans une chambre, Yuri, Eduardo et Philippe rassemblés dans une autre. Zut, il y aura un concert de ronflements ... Mais avant ça les marins nous préparent un riz aux œufs. Ils seront nos cuisiniers pour la semaine.



Philippe








Jeudi 4 octobre 2007
Réveil au milieu de la nuit par de la musique et des coups aux portes. Comme il ne faisait pas encore clair, je me suis rendormi. Il devait s’agir du changement d’équipe de garde de la base. Nous découvrons les lieux à la lumière matinale. Humidité 100%, froid, brouillard matinal qui se lèvera doucement pour nous permettre d’admirer un temps couvert toute la journée (e toute la semaine). Petit déj, gonflage des bouteilles et nous voilà en route pour nos plongées de la journée. Emerveillement avant de sauter à l’eau, côté terre des centaines d’otaries qui nous rendront visite sous l’eau, et côté mer… deux baleines à faible distance qui font des bonds impressionnants. La première fois que j’en vois en vrai ! Je pense au squelette de leur ancêtre qui pend dans le hall d’entrée du Museum à Bruxelles. Belle rencontre, la houle est forte mais il faut que nous descendions à la recherche de nos éponges. Jolie récolte, une vingtaine de spécimens photographiés, et emballés. La plupart du temps il s’agit de spécimens de petite taille trouvés sous les pierres que nous retournons. Pas mal d’éponges calcaire Peu d‘éponges exposées à la houle qui se fait sentir même à 30m de profondeur. Décidément les photos ne sont possibles qu’avec des appareils compacts, pas question de sortir les flashs externes trop encombrants, ni les grands angles inutiles dans ces eaux troubles. Nous devrons nous en contenter. Nous continuons à apprendre à travailler avec les effets de la houle dans une mer à 13°C. Pas toujours facile, heureusement ici plus trop d’oursins, terreur des combinaisons étanches. Nous prenons quelques bosses quand même, mais tout se passe bien. Yuri et moi travaillons ensemble, il a l’œil et détecte les plus petits spécimens. Je ne le lâche pas surtout en fin de plongées… Sa « stab » est trouée et inutilisable. Parfois je me charge de la remontée du sac de récolte qui entravent son ascension…
Bilan de la journée : Deux heures et demies sous l’eau et une belle récolte.
Retour vers 18h, corvée gonflage, et traitement des échantillons jusqu’au-delà de minuit.
Un détail, la seule eau douce qu’il y a ici est celle qu’on apporte. Inutile de dire qu’il n’y a pas de douche au programme avant notre retour à Chiclayo dans une semaine. Pas de rinçage pour le matos de plongée non plus. Mais on accepte bien ça pour vivre quelques jours entourés de pélicans (Pelecanus thagus), de blue-footed boobies (Sula nebouxii), d’otaries (Otaria byronia) en plongées, et même de megapteres (rorqual à bosse (Megaptera novaeangliae).


Philippe


Karem se prepare a une plongee au narghile



Yuri et Philippe l'accompagnent




How we work - Collecting Dynamics
Once a sponge is spotted and chosen as a target for the collection, a series of underwater photos is taken. These include shots of the specimens in their habitats, with and without a 5cm scale bar; of the diving computer, to register the depth and temperature; and finally of the collected specimen inside the collecting bag where an MNRJ number is included. These are the registration numbers of specimens in the sponge collection of Museu Nacional (Universidade Federal do Rio de Janeiro, Rio de Janeiro, Brazil), and assure that the link between the specimens collected and the photos taken will never be lost. Specimens are kept in sea-water, sorted by dive, inside a bucket with additional sea-water to help keep the temperature cool. Latter, in the field laboratory (a table somewhere …), specimens are sub-sampled in such a way that the Universidad Peruana Cayetano Heredia (Lima, Peru), the Museu Nacional/UFRJ, the Royal Belgian Institute of Natural Sciences (Brussels, Belgium) and the Museum d’Histoire naturelle (Geneva, Switzerland), will each hold a fragment of each collected specimen, or, when dealing with more abundant species, a specimen or more. Each fragment is sealed in a sturdy plastic bag filled with enough ethanol 96% to cover the sample, containing a printed MNRJ label. Collecting information for each specimen is transferred to a spreadsheet to speed-up registering the newly collected materials in the MNRJ database in Rio de Janeiro, after the trip is concluded. The spreadsheet contains a preliminary field identification, full locality data (including coordinates), depth, collectors, date and any relevant information under the heading observations (i.e. angle and type of substrate). In parallel, the pictures taken are downloaded and given names that associate them with the dives performed and the collected specimens.


Portuguese Version - Versão em Português
Dinâmica de coleta

Uma vez selecionada a esponja que se pretende coletar, toma-se uma série de fotografias submarinas. Estas incluem tomadas dos espécimes em seu habitat, sem e com uma escala de 5 cm; do computador de mergulho, para registrar a profundidade e temperatura; e finalmente do espécime coletado dentro de sua bolsa-plástica de coleta, da qual consta um número de registro MNRJ. Estes são os números de registro de espécimes na coleção de esponjas do Museu Nacional (Universidade Federal do Rio de Janeiro, Rio de Janeiro), e garantem que as fotos tomadas estarão sempre casadas aos respectivos espécimes coletados. Os espécimes são mantidos em água do mar, triados por mergulho, em um balde com água adicional para manter a temperatura baixa. Mais tarde, no laboratório de campo (uma mesa em algum lugar …), os espécimes são sub-amostrados de tal modo que a Universidad Peruana Cayetano Heredia (Lima, Peru), o Museu Nacional/UFRJ, o Real Instituto Belga de Ciências Naturais (Bruxelas, Bélgica) e o Museu de História Natural (Genebra, Suissa), cada qual terão um fragmento de cada espécime coletado, ou, quando se trata de espécies mais abundantes, um ou mais espécimes. Cada fragmento é selado em uma bolsa plástica resistente com etanol 96% suficiente para cobrir a amostra, contendo ainda uma etiqueta impressa com o código MNRJ. Os dados de coleta de cada espécime são transferidos para uma planilha, para acelerar o registro do material recém coletado no banco de dados da coleção MNRJ, no Rio de Janeiro, após a conclusão da expedição. A planilha contem uma identificação de campo preliminar, dados completos da localidade (incluindo coordenadas), profundidade, coletores, data, e qualquer informação adicional relevante sob o título de observações (p.ex. inclinação e tipo do substrato). Em paralelo, as figuras tomadas são transferidas ao computador com nomes de arquivo que as associam aos mergulhos efetuados e aos espécimes coletados.

Description of a typical dive:
Dive 18 (Saturday, 6 October 2007 - start 12:55h, end 14:28h)

The locality known as “Bajo El Chile” is only 15-20 min away from the cove where we were installed. We decided to repeat dive 16 and be once again exploring the spur & groove system occurring at “Bajo El Chile”. The top of the system is at about 5 m depth on the crests of the spurs, and the bottom at 12-13 m down the grooves. Grooves are bordered by vertical walls where common overhangs and deep crevices occur. Sponges are found mainly inside these overhangs, and as notoriously for the stretch of Peruvian coast investigated by Proyecto Esper, under boulders. The latter are plentiful at the base of the vertical walls, and Calcarea are particularly common there. Other abundant organisms are sea-urchins of 4-5 species, especially satellite sea-urchins of genus Eucidaris. Any overturned boulder is enough an invitation to gather a dozen Halichoeres fish looking for an opportunistic snack. The community living underneath these boulders is rich in polychaetes, schrimps, clams, bryozoans, ophiuroids and sea-cucumbers. Less abundant inhabitants of these semi-obscure environments are large stripped-nemertineans, planarians and sipunculids. At the borders of the spur & groove system large clusters of Caulerpa algae appear.

Eduardo

Portuguese Version - Versão em Português
Mergulho 18 (Sábado, 2007.10.06 - início 12:55h, fim 14:28h)

A localidade conhecida com “Bajo El Chile” está localizada a apenas 15-20 min de distância da enseada onde estamos instalados. Nós decidimos repetir o mergulho 16 e explorar mais uma vez o sistema de cristas e fendas que ocorre no “Bajo El Chile”. O topo do sistema localiza-se nas cristas aproximadamente aos 5 m de profundidade, e o fundo, nas fendas, a cerca de 12-13 m. As fendas são marginadas por paredes verticais onde são comuns locas de diversos tamanhos. As esponjas se encontram principalmente dentro destas locas, e como notório para o setor da costa peruana investigado pelo Projeto Esper, sob matacões. Estes, são abundantes na base das paredes verticais, e Calcareas são particularmente comuns ai. Outros organismos abundantes são ouriços-do-mar de 4-5 espécies, especialmente os ouriços-satélite do gênero Eucidaris. Qualquer matacão virado é um convite para a reunião de uma dúzia de Halichoeres (peixe-sabonete) em busca de um bocado oportunista. A comunidade que vive sob estes matacões é rica em poliquetos, camarões, caracóis, briozoários, pfiuros e pepinos-do-mar. Habitantes menos comuns destes ambientes semi-obscuros são grandes nemertíneos listrados, planárias e sipunculídeos. Na borda do sistema de cristas e fendas aparecem grandes manchas de algas Caulerpa.


Eduardo




























Mardi 9 octobre
La semaine s’est déroulée sans problème. Pour notre dernier jour, Yuri fera trois plongées, dont une accopagné de Karen qui est plus à l’aise avec le narghilé. Technique consistant à plonger sans bouteille, avec pour toute alimentation en air un tuyau raccordé à un compresseur installé sur le bateau. C’est ainsi que les pêcheurs locaux travaillent. La liberté de déplacement dépend évidemment de la longueur du tuyau… Pas de limite de temps liée au volume des bouteilles, ce qui entraîne bien souvent des accidents ; pas d’ordinateur au bras de ces gaillars, et encore moins de tables de plongées en vue ! Et vu l’état du dit compresseur à narghilé, nous sommes bien heureux d’avoir pu acquérir des bouteilles et un compresseur à Bruxelles, même si leur transport par air-cargo a coûté une fortune. Pas d‘autre option !


Nos soirees sont consacrees au partage des specimens, à leur preservation à l'alcool, à la numerotation des photos et la mise en ordre de nos notes. Un evenement pour les pêcheurs locaux qui passent des heures a discuter avec nous.




Derniere photo avant de quitter Islas Lobos de Afuera


Notre retour au continent se fera de nuit. Départ à minuit et une nuit exquise nous attend. Tous les quatre nous nous emmitouflons et nous enfonçons sous le pont de la barque pour un voyage de 10h30. La mer est assez agitée dès le départ. Pas de gilets de sauvetage, pas de radio. Les seuls instruments de Roman, notre « commandant» sont une boussole de poche et une petite lampe frontale. La nuit est glaciale et gare aux pieds qui dépassent de notre abri, ils se font arroser par les embruns. Nous sommes serrés les uns contre les autres pour retenir un peu de chaleur, comme les jeunes pélicans que nous venons de voir pendant notre séjour. Comme eux, nous ne pouvons rien faire pour améliorer notre sort et nous faisons confiance à Roman. Nous retrouvons la plage de sable du départ vers 10h30, accueillis par les gros bras de la famille qui nous aident à débarquer. Ouf, l’épreuve est passée. L’effort en vallait la peine, nous revenons avec une moisson d’échantillons qui nous donnera du travail pour quelques mois. Pas mal de photos aussi. La réussite du bouquin qui sera le fruit de ce travail est déjà assurée. Et nous ne sommes qu’à la moitié de l’expédition… A Chiclayo, nous trouvons un hôtel avec garage conseillé par le guide du Routard. Bon accueil malgré nos têtes de Robinsons et les paquets de sable que nous semons tout au long des couloirs en marbre poli... Nous nous précipitons sous une douche, et nous nous retrouvons une heure plus tard rasés propres et de nouveau présentables pour aller nous restaurer après 24 heures de jeune.








Et retour à Chiclayo



A bientôt pour la suite de notre expédition qui va nous mener plus au nord la semaine prochaine, à Cancas, non loin de la frontière avec l’Equateur.

Philippe

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